Les souvenirs viennent à ma rencontre by Morin Edgar

Les souvenirs viennent à ma rencontre by Morin Edgar

Auteur:Morin Edgar
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2019-08-06T06:40:51+00:00


À Paris, fin 1947 je crois, Marguerite Duras et Dionys Mascolo, Elio et Ginetta Vittorini se rencontrèrent et tombèrent « amitieux » les uns les autres, unis par un véritable coup de foudre, analogue à celui qui m’avait lié à Dionys et Marguerite. Vittorini était un écrivain communiste, directeur de la revue Polytecnico, où ne régnait nullement le dogmatisme, le fanatisme et l’obscurantisme que provoquait à cette époque l’importation du jdanovisme en France. Pour marquer notre opposition à cette ligne culturelle que commençait à imposer le Parti, nous fîmes Dionys et moi une interview d’Elio dans Les Lettres françaises, où notre ami proclamait fermement que le front de la culture était distinct du front de la politique et que, pour lui, communisme signifiait protestantisme et non catholicisme. Je rapporte ici l’épisode pour dire que, même après mon excommunication par le Parti communiste français, je pouvais avoir des relations très amicales avec des communistes italiens, dirigeants ou militants, et j’ai toujours, jusqu’à récemment, aimé me rendre aux fêtes de L’Unita, pour y chanter et danser.

Au cours de l’été 1947 ou 1948, Dionys, Robert et Marguerite avaient rejoint en vacances Elio et Ginetta à Bocca di Magra, petite station balnéaire ligure, près de La Spezia, à l’embouchure, comme son nom l’indique, de la rivière Magra et face à Lerici. Violette et moi avions été invités à les rejoindre. Nous arrivons à leur résidence dans notre 4 CV, où l’on nous dit qu’ils sont à la plage. Nous y allons, nous nous mettons en maillot, et je nage en les cherchant. Je découvre la tête de Dionys, j’arrive près de lui sans qu’il s’en doute et je m’exclame : « Quel est ce triton ? » Nous nous embrassons tous dans l’eau et, le soir, nous nous rendons dans un restaurant en plein air en face, à Lerici, où Marguerite est toute heureuse de nous faire goûter les spaghetti alle vongole qu’elle a elle-même découverts sur place. Je me souviens de ces jours heureux sans autre détail que la mer et les spaghetti alle vongole. Tout cela me rappelle brusquement nos vacances à Saint-Tropez au cours des années 1947-1950, dans une maison ou une villa où se retrouvait notre petite communauté de la rue Saint-Benoît.



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